Anecdotes
Les deux grands frères...
Un récit de Christian.B
Travaillant en tant qu'aide-soignant en gériatrie, un jour nous avons reçu un vieux monsieur de corpulence massive et très lourdaud ; Il m'a raconté qu'étant enfant, vers peut être trois ou quatre ans il se rappelait que pendant une permission, ses deux grands frères étaient venus de Verdun où ils étaient affectés… Et lui de me raconter sa joie au souvenir que ces deux grands frères, ils se l'envoyaient de bras en bras sous ses rires d'enfant…. Il était heureux de me confier ce très beau souvenir ; les uniformes qui l'avaient subjugués et ce plein d'amour de ces deux grands aînés pour leur petit bambin - Puis le retour au tranchées les rappela... Un peu plus tard on raconta à ce petit enfant qu'il ne reverrait plus ses deux frères , ceux là étaient morts à Verdun ……….Et moi j'était là devant ce vieux monsieur lourd , énorme de corpulence au point que ses pieds dépassaient du lit …devant cet homme qui attendait la mort dans ses délires…- le petit enfant était encore là ! - Il m'a laissé ce témoignage dont j'était le seul dépositaire, longtemps il est resté dans mon coeur , aujourd'hui je vous l'offre.
Un autre jour c'était exactement en l'an 2000 , j'étais dans le même hôpital chargé de faire manger une femme qui venait de fêter son centième anniversaire - Curieux que j'étais de tout le passé qu'elle représentait pour moi et pour l'histoire, je lui demandais s'il lui restait des souvenirs de cette période de la première guerre mondiale ; alors toute souriante, elle me dit que celui qui l'avait le plus fortement marqué étant le jour de la capitulation de l'Allemagne - Elle m'évoqua l'atmosphère qui régnait un peu partout jusque dans les rues - Les grandes personnes avaient mis dans les cheveux des petites filles pleins de petits rubans bleu, blanc, rouge… que le climat était enivrant et que tout le monde voulait s'embrasser –
Christian.B
Côtoyer la mort..........
(Un récit de : Jacques . D) Au début des années 1980, j'ai eu la rare et unique chance de recevoir le témoignage d'un poilu agé à l'époque de 94 ans. Ce souvenir quoique seulement oral est resté imprégné dans ma mémoire pour les faits les plus marquants et je me permets de vous le livrer en essayant de respecter au plus prés le récit de mon illustre poilu. La date et le lieu ne me reviennent pas même si ce poilu m'a expliqué se trouver dans l'aisne à l'époque du récit qui suit :
"Nous étions retranchés à couvert dans un fossé et nous avions en face de nous la garde impériale. Brusquement nous avons vu la garde sortir des tranchées avec des drapeaux blancs mais avec toutes leurs armes. Aussitôt, nous sommes remontés en haut du fossé avec une confiance toute relative. Les allemands se sont approchés à quelques dizaines de mètres de nous et brusquement se sont mis à nous tirer dessus: j'ai aussitôt reçu une ou plusieurs balles de fusil et j'ai dévalé le talus jusqu'au bas du fossé... là, les allemands m'ont jeté une grenade qui a explosé à proximité, je me suis évanoui. Lorsque les brancardiers français sont arrivés, ils m'ont remué du bout de leurs chaussures et j'ai entendu l'un d'eux dire: "celui-là il est mort". J'ai commencé à gémir : c'est comme cela que j'ai pu être évacué."
Ce poilu n'a fait ce jour là que côtoyer la mort. Il a reçu 24 blessures liées aux éclats de grenade et aux coups de fusil et m'a dit qu'il conservait dans le corps encore quelques morceaux de ferraille. Je me souviendrai toujours de cette silhouette frêle , voutée, de petite taille et tourmentée par ces anciennes blessures mais qui cachait une robustesse à toute épreuve et quelle épreuve .Quiconque n'aurait pu deviner un quelconque signe belliqueux ou vengeur de la part de cet homme qui a subit les événements sans rechigner comme des millions d'autres.
Jacques.D
Un jour de chance .....
« je suis envoyé avec quelques autres soldats en position avancée , sur une maisonnette isolée, pour observer des mouvements de l'ennemie , le temps passe, nous ne voyons rien , nous a-t-on oublié ? nous décidons de revenir prendre les ordres , on nous renvoie aussitôt où nous étions avec ordre de n'en pas bouger ! quand nous arrivons à la maisonnette il n'y a plus rien qu'un tas de ruine , un obus l'a rasée ! nous nous installons au beau milieu ! un obus ne tombe jamais deux fois au même endroit parait il ! »
Anselme Martin
L'assaut
« l'attaque est prévue en fin de matinée il y aura une préparation d'artillerie avant, on commence à distribuer de l'alcool aux hommes dans les tranchées de 1ere ligne, les hommes sont ivres,ils n'attendent pas , montent à l'assaut...c'est un carnage! devant moi un homme au sol hurle il n'a plus de jambes ! »
Anselme Martin
Le cheval
« nous sommes en patrouille , il fait chaud, c'est l'été, nous longeons un petit cours d'eau, nous avons soif...on remplit les gourdes d'eau et nous nous abreuvons...en remontant le ruisseau non loin de là nous trouvons un cheval mort éventré par un obus, couché en travers de l'eau... »
Anselme Martin
La marre à purin...
« nous sommes au repos dans une cour de ferme, soudain le sifflement caractéristique d'un obus qui nous arrive dessus, nous plongeons tous au sol...moi c'était la marre à purin ! «
Anselme Martin
Les tranchées...
"il y a des cadavres partout...les obus tombent et les recouvrent de terre, d'autres les exhument de nouveau ...si on veut creuser un peu pour se protéger, on tombe immédiatement sur des morts...partout l'odeur est horrible "
Anselme Martin
Sur le front :
"tout ce qui est mort devient indifferent, s'attendrir serait s'affaiblir"
(Gabriel Chevallier, La peur. éditions: Le Dilettante)
Le massacre :
J'étais aux zouaves, une fois nous étions trois mitrailleuses embusquées derrière des troncs d'arbres , à la lisière d'une forêt, sur une petite hauteur. Nous avons tiré jusqu'à la gauche sur des bataillons qui débouchaient à quatre cents mètres. Un coup de surprise. C'était effrayant. Les Boches, affolés, ne pouvaient pas se dégager de notre barrage, les corps s'entassaient les uns sur les autres. Nos servants tremblaient et voulaient se sauver. Nous avions peur à force de tuer !...
(Gabriel Chevallier, La peur. éditions: Le Dilettante)
Petit dejeuner :
Vers sept heure du matin, nous recevons du café, du vin gelé qui tinte dans les bidons et des boules de pain durcies, qu'on ne pouvait entamer qu'à la hache.
(Gabriel Chevallier, La peur. éditions: Le Dilettante)
Après l'assaut :
On s'est trainé de trou en trou en rampant et en sautant par-dessus les cadavres... "on marchait dans la viande" !
(Gabriel Chevallier, La peur. éditions: Le Dilettante)
La peur :
J'ai eu faim sans avoir à manger, soif sans avoir à boire, sommeil sans pouvoir dormir, froid sans povoir me réchauffer, et des poux sans pouvoir toujours me gratter...voila !
C'est tout...?
Non ce n'est rien , je vais vous dire la grande occupation de la guerre, la seule qui compte : J'AI EU PEUR .
(Gabriel Chevallier, La peur. éditions: Le Dilettante)
Artillerie :
Je me trouve maintenant à l'arrière de notre petite colonne... Deux détonnations au loin, sur la gauche : deux départs. Est-ce pour nous ? trois secondes d'attente... deux sifflements, c'est bien pour nous ! Ran ! Ran ! attention aux éclats...réflexe : des 77 . Ils n'ont pas tapé loin ! Deux autres. Des gros.... Nous plongeons. Rrran ! Rrran ! 105 fusants. Les shrapnells claquent autour de nous. deux nuages noirs sur nos têtes..
(Gabriel Chevallier, La peur. éditions: Le Dilettante)
(Shrapnell : obus rempli de projectiles, du nom de l'inventeur du minuteur qui provoque l'explosion, le général anglais Henry Shrapnel. L'obus libère 200 à 300 balles de plomb capables de percer un crâne non casqué.)
Verdun :
Nous nous savons complètement contournés par la droite, mais nous vendons chèrement notre peau, les mauvais tireurs chargent les fusils, les autres tirent sans répit, j'ai trois fusils brisés dans les mains et je brûle 300 cartouches ! les armes chauffent tellement que nous devons pisser dessus ! Après deux heures et demie d'une lutte acharnée, nous n'avons plus de cartouches et les Allemands nous entourent. Baïonettes au canon, nous essayons de regagner les lignes du 65ème .
("L'ouest dans la grande guerre" éditions : ouest france)
De leur coté les combattants allemands de Verdun ne manifestent pas une moindre confiance, "les prisonniers que nous interrogeons se déclarent saoulés de gloire"
(Henri Tardif)
Nous perdons le village de Douaumont
Le 1er mars ... journée calme , disent les relations officieles .../... tant que durera la bataille de Verdun, aucune journée ne sera calme, les meilleures journées de Verdun pourront être comparées sinon aux pires des autres secteurs, du moins aux très mauvaises !
2 mars
Un bombardement très violent est déclenché par les Allemands sur le front Douaumont, Vaux, beaucoup d'obus sont toxiques !
Sur le front du 418 ème, les vagues poussent les vagues, les Allemands sont litteralement fauchés pars les fusils et les mitrailleuses
L'acharnement de cette attaque fut tel que 7 fantassins allemands se firent tuer l'un derriere l'autre au point même de la ligne où se brisaient successivement les vagues .
(P.Héricourt, lieutenant au 418 RI)
Il faut rester allongés ou en boule au fond de notre trou .../... celui qui dans le jour est pris de coliques fait ses besoins dans son mouchoir en position couchée et jette cela ensuite du côté des cadavres. Du fait que je suis tout près de l'entonnoir de mine, je puis regarder dedans... Quel spectacle !! des cadavres partout, il en est dont les jambes sortent de terre, d'autres dont c'est la tête, on en voit qui ont une moitié du corps déchiquetée, plusieurs n'ont plus de vêtements et leur chair toute noire s'en va en lambeaux, crânes, tibia, ossements de toutes sortent se mêlent.
(Albert Jamet, caporal 29 RI)
Obus :
« Les obus tombent dur. Une fois, j'attrape une grêle de shrapnells sur le dos ; heureusement qu'il [l'obus] avait éclaté un peu trop haut et ils ne me font pas de mal. »
(Léopold Noé, Nous étions ennemis sans savoir pourquoi ni comment, Carcassonne, FAOL, « La Mémoire de 14-18 en Languedoc », 1980,).
« Les obus nous suivent, marmites et shrapnells. Trois fois, je me suis trouvé en pleine gerbe d'un shrapnell, les balles de plomb criblant la terre autour de moi, fêlant des têtes, trouant des pieds ou crevant des gamelles »
( Maurice Genevoix, Ceux de 14, Paris, Flammarion, 1950, réed. Seuil, coll « Points »).
Singe :
« Il me tend le singe et dit : - Sers-toi. Je prends ma part de la pointe du couteau et la pose sur un biscuit; je lui repasse la boîte, il se sert à son tour et tous les copains de l'escouade se servent aussi. La bouche pleine, je mâche interminablement pour ne pas avaler et je les regarde. Quelques-uns font semblant de manger, mais la plupart se nourrissent de bon coeur. Ils goûtent, en effet, une des joies marquantes de leur vie toute physique. Avant la guerre, la joie du corps était beaucoup pour eux; maintenant elle est tout. »
(Jean Bernier, La Percée. Roman d'un fantassin 1914-1915, Paris, Agone,)
« Les musettes farcies d'indigestes biscuits et de boîtes de « singe », le tout pour trois jours ! »
(Louis Barthas, Les carnets de guerre de Louis Barthas, tonnelier, Paris, La découverte,).
(Singe : Dans l'argot des combattants, désignation du boeuf et plus généralement de toute viande en boîte de conserve )
Torpille :
« La torpille est un engin dont la portée varie de 200 à 1000 mètres selon le calibre, et se tire comme un obusier, sous un angle très court. Elle consiste en une mince enveloppe renfermant une énorme charge de mélinite . Elle est de forme allongée et munie d'une queue et d'ailes. La queue seule s'enfonce à l'intérieur de la pièce et repose sur la charge de poudre qui la projette. Les ailes sont pour donner la direction. Chez nous, nous en avions de 18, 40 et 100 kilos. Les Boches en avaient d'un kilo qu'ils lançaient comme des grenades. La torpille marche lentement. En entendant le coup du départ de la pièce, on peut la voir monter presque à angle droit, et on l'entend grâce au bruit particulier que font ses ailes en tournant. En déterminant son point de chute, on peut avoir le temps de se garer. Elle est généralement à fusée retardée et s'enfonce profondément en terre où elle éclate avec un bruit épouvantable et surtout démoralisant en faisant des cratères énormes. Elle est surtout employée pour la destruction des ouvrages, abris ou tranchées. » (C'est à Craonne, sur le plateau, Journal de route 1914-15-16-17-18-19 de Xavier Chaïla, Carcassonne, FAOL, « La Mémoire de 14-18 en Languedoc, Vosges, août 1916).
Marmites :
« J'entendis arriver une grosse marmite qui me parut m'être destinée. Je piquai une tête dans le boyau, tête première. Il était temps, elle éclata derrière moi, sur le parapet, me couvrant de terre et de débris. ». (Xavier Chaïla, C'est à Craonne, sur le plateau. Journal de route 1914-1919, Carcassonne, F.A.O.L.)
« Une marmite s'est écrasée sur le parapet, enterrant mes fusées, brisant un fusil-mitrailleur, blessant plusieurs hommes. Les autres se disent commotionnés, ils sont surtout abrutis, apeurés. » (Jean-Pierre Biscay, Témoignage sur la guerre 1914-1918 par un chef de section, Montpellier, Causse,)
(Marmite / Marmitage Dans l'argot des combattants, désignation des projectiles allemands par les soldats français, en particulier des Minenwerfer sans doute en raison de leur forme et de leur poids.)
Fusant :
« On ne les entend pas venir, ces fusants. Je regardais un de mes poilus qui bourrait sa pipe lorsque deux autres ont explosé sur nous: le sifflement, la grimace de l'homme et le plongeon qu'il a fait, la grêle des balles dans les branches, tout s'est confondu en une seule impression d'attaque imprévisible et méchante. C'est trop rapide, le réflexe qu'on a pour se protéger se déclenche trop tard. L'obus qui a sifflé de loin n'atteint pas. Mais celui qui tombe sans dire gare, celui-là est dangereux et effraye; les mains restent fébriles longtemps encore après l'explosion. »
(Maurice Genevoix, Ceux de 14, Paris, Flammarion, Seuil, coll « Points »,)
(Fusant : Obus qui explose en l'air au dessus des troupes adverses. Pour cela il est muni à son sommet d'une « fusée » réglée pour déclencher l'explosion de l'obus au bout d'un temps calculé à l'avance. Le « fusant » est composé d'explosif et de billes de plomb ou d'acier appelées shrapnels)
Je suis blessé !
L'obus vient d'éclater là, à ma doite, j'ai reçu à la tête un coup qui me laisse étourdi, j'ai retiré ensanglantée la main que j'avais portée à ma figure....je dois avoir un trou dans la joue...je suis entouré de sifflements, d'éclatements, de fumée, des soldats me bousculent en hurlant, la folie dans les yeux et je vois une trainée de sang.......quelque chose se détache de moi et tombe à mes pieds : un morceaux de chair rouge et flasque, est ce de ma chair ? ma main remonte avec horreur...rien, alors je comprends : l'obus a déchiqueté un homme et m'a appliqué sur la joue ce cataplasme humain...
(Gabriel Chevallier, La peur. éditions: Le Dilettante)
Le repli :
Les boches sont à cinq cents mètres de l'autre coté, nous voyons revenir nos fantassins, les obus tombent et en tuent beaucoup, un jeune aspirant est tué au moment où il sautait à coté de moi dans la tranchée, son sang coule sur moi, je suis tout rouge...!
(Paroles de Poilus; France bleue, Librio)
Avant l'attaque :
Tout d'un coup, rrran...an....! Je suis jeté à terre, bousculé, couvert de terre, un obus vient d'éclater sur le parapet au dessus de moi, je crois d'abord être mort.....mais je sens le sang chaud qui coule sur ma face, je lève mon casque, j'ai un trou à la tête, à coté de moi un zouave a été tué et six autres blessés.
(Paroles de Poilus; France bleue, Librio)
Pendant l'attaque :
Tout d'un coup une violente décharge , les deux hommes qui étaient à coté de moi tombent en hurlant, la tranchée est devant nous hérissée de fil de fer, nous nous couchons et nous commençons à creuser des trous pour nous abriter face à la tranchée ennemie, j'entends mon blessé qui crie : " mon caporal, mon caporal, emportez moi, pour ma femme, pour mes enfants, je vous en supplie."
(Paroles de Poilus; France bleue, Librio)
Les frères :
Pour tirer plus juste nous montons sur le talus de la tranchée, mais leurs bombes tombent toujours, et c'est terrible de voir les camarades hachés, je suis tout couvert de sang, Camille à coté de moi tire sans arrêter ainsi que tous les autres qui restent debout, quand là, malheur,...mon frère tombe à la renverse dans mes bras, il vient de recevoir une balle dans la tête, je le panse de suite, hélas, il n'a pas souffert, il avait un trou gros comme un oeuf et j'étais tout couvert de cervelle, ah ! le malheureux ! je me suis mis à creuser un trou derrière la tranchée et là, je l'ai enterré avec ma petite croix et une prière de fou, car, à ce moment là je n'étais plus en moi !
(Paroles de Poilus; France bleue, Librio)
Combine....
Au début du conflit, la dotation réglementaire comprenait un bidon d'un litre, ce bidon destiné au vin semblant de taille trop réduite, des petits malins tirèrent une cartouche de fusil à blanc dans le dit bidon, pour en dilater le métal et en augmenter la contenance.
Charles Péguy
Le samedi 5 septembre 1914 , le bataillon de Péguy s'élança à l'assaut baïonnette au canon sur un espace de près de 3 km, assaut caractéristique de 1914, en souvenir de Napoléon, l'assaut fut arrêté par les feux des fantassins allemands ; Péguy ordonna à ses hommes de se coucher, de s'abriter derrière leur sac et de tirer à volonté; En moins d'une heure la 19eme compagnie allait perdre 3 officiers et plus de 150 hommes; Cependant le lieutenant Péguy est toujours debout, devant les cris et les appels des blessés qui se font de plus en plus angoissés et pressants, il hurle avec une énergie rageuse : "Tirez! Tirez Nom de Dieu !!!" Certains hommes lui crient qu'ils n'ont plus de sac , qu'ils vont tous y passer; Mais Péguy, lui, va et vient la lorgnette à la main, il reste debout près de ses hommes , se porte à leur alignement, leur désigne les ennemis à viser; Soudain une balle atteint Péguy au front sur le coté gauche, il s'écroule d'un coup sur le flanc en murmurant " Ahh ! Mon Dieu ! Mes enfants ! "
Les fusiliers marins bretons de la brigade Ronarc'h
L'amiral Ronarc'h et ses 6 000 fusiliers marins , bretons pour la plupart, ont executé une mission des plus glorieuse à Dixmude , Belgique, en tenant les rives de l'Yser du 20 octobre au 16 novembre, et en perdant près de 75 % de son effectif.
Les soldats du génie belge ont ouvert les portes des écluses de Nieuport, désormais les eaux du bassin de l'Yser inonderont toutes les terres formant un lac de plus de 100 kms, où flottent les cadavres et les débris de la bataille, on ne se bat plus au canon, à la mitrailleuse et au fusil; la baïonnette et le couteau sont devenus les armes de cette indescriptible mêlée; des statues de boue s'affrontent dans un paysage où le sang n'a plus de couleur.
1914: 20 octobre : début de la bataille de Dixmude, 25 octobre : infiltration allemande dans les faubourgs, 26 octobre : bombardement allemand sur Dixmude, 27 octobre : ouverture des écluses de Nieuport, 29 octobre : les Allemands tentent de s'emparer des remblais de la voie ferrée, 1er novembre: les Allemands repassent l'Yser abandonnant leur matériel, 7 novembre : les Allemands pilonnent le cimetière de Dixmude, nuit du 9 au 10 octobre : les Allemands lancent une attaque sur le triangle Dixmude-Caesekerke-Saint Jean Capelle, ils réussissent à conquérir Dixmude mais pas les rives de l'Yser, 16 novembre : les fusiliers marins sont relevés et gagnent Dunkerque.
(Voir onglet : photos/soldats/français)
Un mariage anglais....(récit de Marian Gould )
John Price Hopkins était professeur à l'université de Cambridge, il enseignait l'arabe au collège de Corpus Christi et amena l'étude de cette langue dans la modernité. Il était mon cousin et ceci est ce qu'il raconta à sa famille un jour.
En aout 2001? nous sommes allés sur le champ de bataille de Holts pour participer à l'excursion intitulé : "Prose et poésie durant la 1GM". Une raison pour avoir fait ce voyage, c'est que mon père a servi dans les Ingénieurs Royaux, la Brigade spéciale, au cours de la bataille de Loos, qui était un des lieux visité par l'excursion. Durant les 4 jours de notre séjour, nous étions invités à proposer un poème associé avec cette expérience. Le poème jaillit de la mémoire que j'avais du brouillon d'une lettre écrite par mon père plusieurs années après la fin de la guerre. 11 personnes ont écrit un poème, et chacun a lu son poème à la fin du diner, lors de notre dernière soirée.
J'ai récité le poème une nouvelle fois au cours d'une réunion de famille, à Great Wilbraham
A l'intention des plus jeunes membres de la famille présent lors de cette réunion, j'ai dû expliquer qu'un caporal avait deux bandes (ou chevron) sur la partie supérieure de sa manche, qu'un sergent en avait trois, et un second lieutenant (le plus bas des rangs des officiers (?)) avait un point sur son épaulette. Mon père devait encore être caporal quand ma mère et lui se sont mariés, mais je crois qu'il est devenu un officier immédiatement après. Ainsi je m'accorde la licence poétique de lui attribuer simultanément 3 grades. la lettre suivante transcrit une partie du brouillon écrit par mon père, de toute évidence en réponce à la nouvelle de la mort de l'un de ses compagnons, caporal dans la compagnie "C".
Quand j'ai "déserté" ma compagnie, à la fin de 1916, sous les ordre du ministère des munitions, j'étais accompagné par Holroyd et Clément. J'avais saisi l'opportunité de me marier, mais je n'avais aucun vêtement de noce, sinon u uniforme de caporal plutôt sale. Holroyd et Clément me vinrent en aide, le premier me prêtant une valise de voyage en cuir fin et le second un nouveau manteau militaire. I se trouva alors que je quittais le régiment pour ma lune de miel portant des bandes de caporal sur mes bras, des bandes de sergent sur mon manteau, et emportant avec moi une valise avec marqué dessus "Lieutenant-colonel Holroyd".
Le mariage de mon père : une histoire vraie en "doggerel"
Mon père était caporal dans les Ingénieurs Royaux
jusqu'à ce qu'il soit gradé et qu'il monte dans de plus hautes sphères.
il reçut quelques jours de permission, alors il songea qu'il aimerait se marier
Ce qu'il fit par autorisation spéciale, et il n'y avait pas de temps à perdre
L'uniforme de caporal de mon père était vieux, et plutôt en guenilles
Alors ses camarades lui prêtèrent ce dont il avait besoin pour ce jour si important
Clément lui confia un manteau marqué de trois bandes s'il vous plait.
Et le père d'Holroyd - un colonel - prêta une valise neuve et brillante
Mon père partit en lune de miel avant qu'il ne soit trop tard
En manteau de sergent, tenue de caporal, avec un point sur ses épaulettes.
Et c'est ainsi que tout commença, mes 4 frères et moi
Quand ma mère épousa mon père, le caporal Hopkins, Frank, R.E
John mourut en 1991, et il y a un article à son propos dans le Times, avec une autre histoire à propos de la famille Price et de la famille Hopkins. John enseign lui-même le persan durant son service dans la marine marchande.
Le champ de bataille :
Je monte sur la banquette de tir et regarde ce morceau de terrain entre nos premières lignes : maintes fois retourné, jonché de bois et de fils de fer barbelés auquels sont restés accrochés des morceaux d'étoffe bleue, rouge ou grise, de corps sur lesquels courent d'énormes rats, se posent des oiseaux qui repartent avec des morceaux de chair humaine.
("Les blessures de l'âme" d'Eric Viot, société des écrivains)
La boue :
La boue s'infiltre partout, nous sommes en permanence couvert de ce liquide marron clair, nos godillots, nos poches, nos sacs en sont remplis.....quel enfer. Nos pieds nous font terriblement souffrir, à baigner pendant des jours et des nuits dans cette boue, ils finissent par pourrir. Certains hommes ne peuvent plus marcher.
("Les blessures de l'âme" d'Eric Viot, société des écrivains)
Après l'assaut :
Tout notre régiment s'est replié, il est 8 heures et cette première offensive est un échec, nous n'avons rien gagné et perdu beaucoup d'hommes..../.... Moment pathétique, que l'appel des hommes, quand à la suite du nom, un grand silence remplace le "présent" .
("Les blessures de l'âme" d'Eric Viot, société des écrivains)
Lettres de poilus :
Ma chère petite cousine,
Le 29 décembre 1917
Ma chère petite cousine,
Je fais réponse à ta jolie carte qui m'a bien fait plaisir, moi aussi je t'envoie mes meilleurs voeux et une bonne santé tant qu'à moi je reviens de perm et demain je remonte en ligne. Nous ne sommes pas trop heureux le pain et le vin est gelé rien autre chose à te dire. Je termine en t'embrassant de tout mon coeur.
Ton cousin
(Cartes postales de poilus, collection Eric.Viot )
Mon cher Jordan,
Deux mots au son du canon pour te donner de mes nouvelles ainsi qu’aux copains. Tout va bien, je n’ai pas tété impressionné en arrivant, ce qui est triste c’est de voir tant de monuments démolis. …./…. Au moment où je t’écris ça cogne dur ! mais nous ne craignons rien nous sommes dans les caves, ce n’est pas rigolo , mais ce sera un beau souvenir pour ceux qui reviendront. J’ai comme Commandant de compagnie un lieutenant, ancien sergent major au début, tous les deux nous administrons la compagnie car tous les officiers ont été tués le 9 mai . Enfin ça va bien j’ai confiance. Mes amitiés à tous.
(Cartes postales de poilus)
Chère Ernestine,
…./…. Il m’a apprit en même temps la mort de Gaston et Delausun, moi je me porte bien, je suis toujours en danger !
adieu, adieu, adieu
(Cartes postales de poilus)
Cher beau frère est belle sœur
Je vien repondre a votre emable lettre qu’elle mas fait un grand plaisir de vous savoir touse en bonne santé cand a mois je me porte toujour bien est je pense que ma blaissur vas toujour de mieux en mieux mes je ne peut pas vous dirre cand je sortirait de l’hôpital car je veut faire mon possible pour irresté le plus lontemp possible.
(Cartes postales de poilus)
Chers parents
…/… Le moral est bon la santé est parfaite. Il n’y a que cette maudite guerre qui dure trop longtemps. Mais vous allez voir notre travail d’ici peu…/…
(Cartes postales de poilus)
…/…
Des corps gonflés , le spectacle des corbeaux repus de chair verdâtre, les rats sortant des ventres ou des essaims de mouches bourdonnantes, voila ce qu’un soldat peut contempler lorsqu’il se risque à jeter un œil vers le no man’s land , entre les deux tranchées…/…
(Cartes postales de poilus)
Souvenir de notre entrée à Pirmasens
… /…. Les enfants eux suivent la musique et s’amusent, à la porte du quartier il y en a plus de cent qui demandent du chocolat et du pain blanc, ici il est noir et rare le pâin, les pauvres ont souffert et s’ouffrent encore de la guerre. Dans les brasseries il y a plein d’hommes buvant de la bière à plein bocks, o est embarrassé pour payer et s’expliquer… :… pas d’histoire jusqu’ici avec les habitants, il y a des arrêtés très sévères d’affichés pour la population. On sort en arme et par groupe.
(Cartes postales de poilus)
Cher Oncle
Je suis au repos au village, nous venons de passer des épreuves terribles, enfin il faut esperer que quand je serais touché je ne serais que blessé, que ma destinée apres tout s’accomplisse ;
Si je dois être tué que je le sois au plus vite ; Je termine en vous embrassant à tous à tes gosses que je ne connaitrais peut être jamais.
ton neveu Marius
(Cartes postales de poilus
…/…
Un petit voyage dans le midi ça ne coûte du reste pas cher : une balle dans la cuisse reçue le 20 sans gravité du reste, je me porte parfaitement à pars ça et je pense revenir dans un mois.
Henry
(Cartes postales de poilus)
Cher papa,
Je t’envoie cette carte pour te donner de nos nouvelles qui sont très bonne. Hier toute la famille a été a la messe pour priés Dieu pour toi et je demande a la Ste Vierge de te ramener vite adieu mon cher papa ta fille qui t’embrasse bienfort .
Henriette
Bonjour pour mon vieux grand père
(Cartes postales de poilus)